tendrement son père adoptif. C’est ce qu’il lui fit comprendre en peu de paroles, et comme il avait sur lui beaucoup d’ascendant, il l’amena plus vite à céder qu’Audebert ne s’y était attendu.
— Si c’est ton idée, répondit le forgeron, je n’ai pas le droit de m’y opposer. Ce qui est à toi est à toi. Si tu me demandais mon avis, je te dirais qu’il faut garder ce qu’on a amassé au prix de sa sueur pour le moment où l’on peut devenir malade ou estropié, et que, si l’on a la chance de conduire sa carcasse à bon port, on est toujours bien aise d’avoir sous la main de quoi sauver un parent ou un ami qui ne peut plus s’aider ; mais tu es encore si jeune que, dans le cas où tu perdrais ton argent, tu aurais le temps de recommencer, et d’ailleurs me voilà bien vieux, moi : ce que j’ai de placé te reviendra. Ce n’est pas grand’chose, mais c’est un morceau de pain assuré, et je crois qu’il ne te faudra pas attendre cela une centaine d’années ! Donc, si tu veux te risquer, risque-toi. Tu veux monter un atelier sur la rivière ? J’aime mieux ça qu’une boutique dans la ville haute. Tu t’attacheras à la