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recueillir, avec un sourire d’encouragement et de crédulité simulée, les merveilleuses histoires qu’on dit que vous racontez si bien. Mais moi je ne sais pas jouer la comédie quand je n’y suis pas forcée, et je ne pourrais m’amuser de ce qu’on appelle vos rêveries. Elles me rappelleraient trop celles qui m’ont tant effrayée et tant affligée dans le comte de Rudolstadt. Daignez les réserver pour ceux qui peuvent les partager. Je ne voudrais pour rien au monde vous tromper en feignant d’y croire ; et quand même ces rêveries ne réveilleraient en moi aucun souvenir déchirant, je ne saurais pas me moquer de vous. Veuillez donc répondre à mes questions, sans chercher à égarer mon jugement par des paroles vagues et à double sens. Pour aider à votre franchise, je vous dirai que je sais déjà que vous avez sur moi des vues particulières et mystérieuses. Vous devez m’initier à je ne sais quelle redoutable confidence, et des personnes d’un haut rang comptent sur vous pour me donner les premières notions de je ne sais quelle science occulte.

— Les personnes d’un haut rang divaguent parfois étrangement, madame la comtesse, répondit le comte avec beaucoup de calme. Je vous remercie de la loyauté avec laquelle vous me parlez, et je m’abstiendrai de toucher à des choses que vous ne comprendriez pas, faute peut-être de vouloir les comprendre. Je vous dirai seulement qu’il y a, en effet, une science occulte dont je me pique, et dans laquelle je suis aidé par des lumières supérieures. Mais cette science n’a rien de surnaturel, puisque c’est purement et simplement celle du cœur humain, ou, si vous l’aimez mieux, la connaissance approfondie de la vie humaine, dans ses ressorts les plus intimes et dans ses actes les plus secrets. Et pour vous prouver que je ne me vante pas, je vous dirai