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porter toujours sa petite fortune sur elle, cousue dans une ceinture, madame Schwartz n’ayant pas le droit de la fouiller, hors le cas de sortie.

Cependant la première somme que madame Schwartz avait saisie sur sa prisonnière le jour de son arrivée était déjà épuisée depuis longtemps, grâce à la rédaction ingénieuse des mémoires de M. Schwartz. Lorsqu’il eut fait de nouveaux frais assez maigres, et un nouveau mémoire assez rond, selon sa prudente et lucrative coutume, trop timoré pour parler d’affaires et pour demander de l’argent à une personne condamnée à n’en point avoir, mais bien renseigné par elle, dès le premier jour, sur les économies qu’elle avait confiées au Porporino, ledit Schwartz s’était rendu, sans lui rien dire, à Berlin, et avait présenté sa note à ce fidèle dépositaire. Le Porporino, averti par Consuelo, avait refusé de solder la note avant qu’elle fût approuvée par la consommatrice, et avait renvoyé le créancier à son amie, qu’il savait munie par lui d’une nouvelle somme.

Schwartz rentra pâle et désespéré, criant à la banqueroute, et se regardant comme volé, bien que les cent premiers ducats saisis sur la prisonnière eussent payé le quadruple de toute la dépense qu’elle avait faite depuis deux mois. Madame Schwartz supporta ce prétendu dommage avec la philosophie d’une tête plus forte et d’un esprit plus persévérant.

« Sans doute nous sommes pillés comme dans un bois, dit-elle ; mais est-ce que tu as jamais compté sur cette prisonnière pour gagner ta pauvre vie ? Je t’avais averti de ce qui t’arrive. Une comédienne ! cela n’a pas d’économies. Un comédien pour mandataire ? cela n’a pas d’honneur. Allons, nous avons fait une perte de deux cents ducats. Mais nous nous rattraperons sur les autres pratiques qui sont bonnes. Cela t’apprendra seulement à