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vous vous trouvez désormais placés l’un et l’autre permettent son sacrifice, et rendent votre choix libre et respectable. Choisissez donc, ma fille ; mais souvenez-vous que la mère d’Albert vous demande à genoux de ne pas porter atteinte à la sublime candeur de son fils, en lui faisant un sacrifice dont l’amertume retomberait sur sa vie. Votre abandon le fera souffrir, mais votre pitié, sans votre amour, le tuera. L’heure est venue de vous prononcer. Je ne dois pas savoir votre décision. Passez dans votre chambre ; vous y trouverez deux parures bien différentes : celle que vous choisirez décidera du sort de mon fils.

« — Et laquelle des deux doit signifier de mon divorce avec lui ? demanda Consuelo toute tremblante.

« — J’étais chargée de vous l’apprendre ; mais je ne le ferai point. Je veux savoir si vous le devinerez. »

La comtesse Wanda, ayant ainsi parlé, replaça son masque, pressa Consuelo contre son cœur et s’éloigna rapidement.


XXXVII.

Les deux habits que la néophyte trouva étalés dans sa chambre étaient une brillante parure de mariée, et un vêtement de deuil avec tous les signes distinctifs du veuvage. Elle hésita quelques instants. Sa résolution, quant au choix de l’époux, était prise, mais lequel de ces deux costumes témoignerait extérieurement de son intention ? Après un peu de réflexion, elle revêtit l’habit blanc, le voile, les fleurs et les perles de la fiancée. Cet ajustement était d’un goût chaste et d’une élégance extrême. Consuelo fut bientôt prête ; mais en se regardant au miroir encadré de sentences menaçantes, elle n’eut plus envie de sourire comme la première fois. Une