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pela le redoutable torrent souterrain de Riesenburg ; mais elle était trop préoccupée des malheurs et des crimes de l’humanité, pour songer longtemps à elle-même. Elle fut forcée de s’arrêter un peu pour faire le tour d’un puisard à fleur de terre qu’une torche éclairait. Au-dessous de la torche elle lut sur un poteau ce peu de mots, qui n’avaient pas besoin de commentaires :

« C’est là qu’on les noyait ! »

Consuelo se pencha pour regarder l’intérieur du puits. L’eau du ruisseau sur lequel elle avait navigué si paisiblement il n’y avait qu’une heure, s’engouffrait là dans une profondeur effrayante, et tournoyait en rugissant, comme avide de saisir et d’entraîner une victime. La lueur rouge de la torche de résine donnait à cette onde sinistre la couleur du sang.

Enfin Consuelo arriva devant une porte massive qu’elle essaya vainement d’ébranler. Elle se demanda si, comme dans les initiations des pyramides d’Égypte, elle allait être enlevée dans les airs par des chaînes invisibles, tandis qu’un gouffre s’ouvrirait sous ses pieds et qu’un vent subit et violent éteindrait sa lampe. Une autre frayeur l’agitait plus sérieusement ; depuis qu’elle marchait dans la galerie, elle s’était aperçue qu’elle n’était pas seule ; quelqu’un marchait sur ses pas avec tant de légèreté qu’elle n’entendait pas le moindre bruit ; mais elle croyait avoir senti le frôlement d’un vêtement auprès du sien, et lorsqu’elle avait dépassé le puits, la lueur de la torche, en se trouvant derrière elle, avait envoyé aux parois du mur qu’elle suivait, deux ombres vacillantes au lieu d’une seule. Quel était donc ce redoutable compagnon qu’il lui était défendu de regarder, sous peine de perdre le fruit de tous ses travaux, et de ne jamais franchir le seuil du temple ? Était-ce quelque spectre effrayant dont la laideur eût