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du veilleur placé en sentinelle sur le dôme de l’édifice.

L’orateur, qui remplissait les fonctions d’intermédiaire entre les chefs Invisibles et les adeptes, se démasqua aussi, et vint féliciter les heureux époux. C’était le duc de ***, ce riche prince qui avait voué sa fortune, son intelligence et son zèle enthousiaste à l’œuvre des Invisibles. Il était l’hôte de leur réunion, et sa résidence était, depuis longtemps, l’asile de Wanda et d’Albert, cachés d’ailleurs à tous les yeux profanes. Cette résidence était aussi le chef-lieu principal des opérations du tribunal de l’ordre, quoiqu’il en existât plusieurs autres, et que les réunions un peu nombreuses n’y fussent qu’annuelles, durant quelques jours de l’été, à moins de cas extraordinaires. Initié à tous les secrets des chefs, le duc agissait pour eux et avec eux ; mais il ne trahissait point leur incognito, et, assumant sur lui seul tous les dangers de l’entreprise, il était leur interprète et leur moyen visible de contact avec les membres de l’association.

Quand les nouveaux époux eurent échangé de douces démonstrations de joie et d’affection avec leurs frères, chacun reprit sa place, et le duc, redevenu le frère orateur, parla ainsi au couple couronné de fleurs et agenouillé devant l’autel :

« Enfants très-chers et très-aimés, au nom du vrai Dieu, toute puissance, tout amour et tout intelligence ; et, après lui, au nom des trois vertus qui sont un reflet de la Divinité dans l’âme humaine : activité, charité et justice, qui se traduisent, dans l’application, par notre formule : liberté, fraternité, égalité ; enfin, au nom du tribunal des Invisibles qui s’est voué au triple devoir du zèle, de la foi et de l’étude, c’est-à-dire à la triple recherche des vérités politiques, morales et divines : Albert Podiebrad, Consuelo Porporina, je prononce la ratification et la