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ÉPILOGUE.

Si nous avions pu nous procurer sur l’existence d’Albert et de Consuelo, après leur mariage, les documents fidèles et détaillés qui nous ont guidé jusqu’ici, nul doute que nous ne pussions fournir encore une longue carrière, en vous racontant leurs voyages et leurs aventures. Mais, ô lecteur persévérant, nous ne pouvons vous satisfaire ; et vous, lecteur fatigué, nous ne vous demandons plus qu’un instant de patience. Ne nous en faites, l’un et l’autre, ni un reproche ni un mérite. La vérité est que les matériaux à l’aide desquels nous eussions pu, ainsi que nous l’avons fait jusqu’à présent, coordonner les événements de cette histoire, disparaissent, en grande partie, pour nous, à partir de la nuit romanesque qui vit bénir et consacrer l’union de nos deux héros, chez les Invisibles. Soit que les engagements contractés par eux, dans le Temple, les aient empêchés de se confier à l’amitié dans leurs lettres, soit que leurs amis, affiliés eux-mêmes aux mystères, aient, dans des temps de persécution, jugé prudent d’anéantir leur correspondance, nous ne les apercevons plus qu’à travers un nuage, sous le voile du Temple ou sous le masque des adeptes. Si nous nous en rapportions, sans examen, aux rares traces de leur existence qui nous apparaissent dans notre provision de manuscrits, nous nous égarerions souvent à les poursuivre ; car des preuves contradictoires nous les montrent tous deux sur plusieurs points géographiques à la fois, ou suivant certaines directions diverses dans le même