nation ne peut suppléer. Mais un dernier document authentique et très-détaillé nous fait retrouver, vers l’année 1774, le couple errant dans la forêt de Bohême. Nous allons transcrire ce document tel qu’il nous est parvenu. Ce sera pour nous le dernier mot sur Albert et Consuelo ; car ensuite, de leur vie et de leur mort nous ne savons absolument rien.
Emportés dans son tourbillon comme les satellites d’un astre roi, nous avons suivi Spartacus[2] à travers les sentiers escarpés, et sous les plus silencieux ombrages du Bœhmerwald. Ô ami ! que n’étiez-vous là ! Vous eussiez oublié de ramasser des cailloux dans le lit argenté des torrents, d’interroger tour à tour les veines et les ossements de notre mystérieuse aïeule, terra parens. La parole ardente du maître nous donnait des ailes ; nous franchissions les ravins et les cimes sans compter nos pas, sans regarder à nos pieds les abîmes que nous dominions, sans chercher à l’horizon le gîte lointain où nous devions trouver le repos du soir. Jamais Spartacus ne nous avait paru plus grand et plus