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digua d’ardentes et respectueuses étreintes que Consuelo n’eut plus la force de repousser.

« Si vous m’aimez et si vous voulez que je vous aime, laissez-moi, lui dit-elle. C’est devant les Invisibles que je veux vous voir et vous entendre. Votre masque m’effraie, votre silence me glace le cœur. »

Liverani porta la main à son masque, il allait l’arracher et parler. Consuelo, comme la curieuse Psyché, n’avait plus le courage de fermer les yeux… mais tout à coup le voile noir des messagers du tribunal secret tomba sur sa tête. La main de l’inconnu qui avait saisi la sienne avec précipitation fut détachée en silence. Consuelo se sentit entraînée sans violence et sans courroux apparent, mais avec rapidité. On l’enleva de terre, elle sentit fléchir sous ses pieds le plancher d’une barque. Elle descendit le ruisseau longtemps sans que personne lui adressât la parole, et lorsqu’on lui rendit la lumière, elle se trouva dans la salle souterraine où elle avait comparu pour la première fois devant le tribunal des Invisibles.


XXXI.

Ils étaient là tous les sept comme la première fois, masqués, muets, impénétrables comme des fantômes. Le huitième personnage, qui avait alors adressé la parole à Consuelo et qui semblait être l’interprète du conseil et l’initiateur des adeptes lui parla en ces termes :

« Consuelo, tu as subi déjà des épreuves dont tu es sortie à ta gloire et à notre satisfaction. Nous pouvons t’accorder notre confiance et nous allons te le prouver.

— Attendez, dit Consuelo ; vous me croyez sans reproche, et je ne le suis pas. Je vous ai désobéi, je suis sortie de la retraite que vous m’aviez assignée.