Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/128

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En parlant ainsi, et en marchant avec vivacité, elle gagna la porte de l’église, appuyée sur mon bras. J’allais prendre congé d’elle et m’enfoncer dans la foule qui s’écoulait avec nous, car la messe venait de finir, lorsque l’abbé Cignola nous apparut de nouveau, debout sur le portique et feignant de s’entretenir avec un des bedeaux. Son oblique regard nous suivait attentivement.

— N’est-ce pas, Hector ? dit la signora en passant près de lui et en penchant sa tête entre le visage de l’abbé et le mien.

Lila tremblait de tous ses membres ; la signora aussi ; mais son émotion redoublait son courage. Une voiture aux armoiries et à la livrée des Grimani s’avançait à grand bruit, et le peuple, qui a toujours coutume de regarder avidement l’étalage du luxe, se pressait sous les roues et sous les pieds des chevaux. D’ailleurs, l’équipage de la vieille Grimani en particulier attirait toujours une nuée de mendiants ; car la pieuse dame avait coutume de répandre des aumônes sur son passage. Un grand laquais fut forcé de les repousser pour ouvrir la portière, et j’avançais toujours, conduisant la signora, et toujours suivi du regard inquisitorial de l’abbé Cignola.

— Montez avec moi, me dit la signora d’un ton absolu et avec un serrement de main énergique en s’élançant sur le marchepied.

J’hésitais ; il me semblait que ce dernier coup d’audace allait consommer sa perte.

— Montez donc, me dit-elle avec une sorte de fureur.

Et dès que je fus assis près d’elle, elle leva elle-même la glace, donnant à peine à Lila le temps de s’asseoir vis-à-vis de nous, et au domestique celui de fermer la portière. Et déjà nous roulions avec la rapidité de l’éclair à travers les rues de Florence.

— N’aie pas peur, ma bonne Lila, dit la signora en passant un de ses bras au cou de sa sœur de lait, et en lui donnant un gros baiser sur la joue ; tout cela s’arrangera. L’abbé Cignola n’a pas encore vu mon cousin, et il est