Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/289

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lui. Il faut qu’elle ait une âme bien orageuse, ou que ce Fougères soit un bien méchant cuistre, avec ses ailes de pigeon ! Allons ! il y aura eu là quelque cas d’inclination contrariée. Ah ! les jeunes filles ! L’amour, c’est l’insecte rongeur qui s’attaque aux plus belles roses ! Décidément, pour ma part, je renonce aux lois du trop aimable Cupidon, et je m’abandonne aux consolations d’une douce philosophie.



IX.


Gouverné entièrement par la chère dogaresse (c’est ainsi qu’en raison de son caractère absolu et de ses manières impériales l’érudit avoué avait surnommé mademoiselle de Fougères), M. Parquet céda à ses désirs et se contenta de lui adresser de temps en temps une tendre admonestation, à laquelle Fiamma mettait fin par des réticences mystérieuses. Au grand étonnement de l’avoué, madame Féline et son fils reçurent au salon du château un accueil tel que, malgré l’extrême fierté de Jeanne et la méfiance ombrageuse de Simon, ils ne craignirent point d’y retourner plusieurs fois, et purent se trouver presque tous les jours avec mademoiselle de Fougères, soit chez eux, soit chez M. Parquet, sans craindre de voir ces précieuses relations interrompues par une intervention étrangère. L’avoué, qui seul connaissait à fond le caractère du comte, avait sujet d’être plus surpris qu’eux ; car il ne l’avait jamais vu plier sous aucun ascendant, et il savait que ses formes gracieuses et son babil prévenant cachaient une opiniâtreté inflexible et beaucoup de despotisme. Sa fille était la seule personne de son ménage qu’il ne dominât point. Toutes les autres étaient réduites à une servilité qu’on eût pu prendre pour de l’amour, à voir le ton patelin dont il leur commandait en présence