Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/295

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Cependant, comme le comte se souvint de l’opiniâtreté avec laquelle Fiamma avait refusé plusieurs propositions de mariage et avec quelle sécheresse elle avait traité à Paris tous les jeunes gens qu’elle avait soupçonnés d’avoir des prétentions à sa main, il ne regarda pas encore la partie comme gagnée, et conseilla au marquis de ne pas brusquer sa déclaration.

Les semaines s’écoulèrent donc pour le marquis d’une manière charmante au château de Fougères. De plus en plus amoureux, il conçut beaucoup d’espoir ; car Fiamma lui ayant dit dès le principe qu’elle ne voulait pas se marier, ne lui reparla plus de ses projets pour l’avenir et lui témoigna désormais une affection sincère. Dans l’attente du succès, le marquis, un peu impatient, un peu dépité de voir toujours la famille Féline et la famille Parquet s’opposer à de longs tête-à-tête avec sa cousine, mais plein de franchise dans le fond de l’âme et touché de l’amitié qu’on lui témoignait, vécut pendant ces jours rigoureux de l’hiver d’une vie chaude et pleine qui faisait diversion à celle du monde. Fiamma lui avait présenté ses amis du village, et elle avait prié ceux-ci d’adopter la parenté de son cousin. L’esprit enjoué, l’originalité tout italienne de Parquet et la grâce modeste de Bonne charmèrent le marquis. Il goûta moins Simon, dont les long regards, tournés sans cesse vers Fiamma, lui donnèrent tout de suite à penser. Mais le calme des manières de celle-ci avec le jeune légiste et la comparaison que le brillant marquis fit de cette figure maigre, pâle et souffrante, avec l’image radieuse que lui présentait son miroir, le rassurèrent bientôt ; il était fat, comme tout Italien jeune et passablement fait, mais d’une fatuité qui n’a rien d’insolent, et qui se résigne d’autant mieux à manquer un succès qu’elle est plus certaine d’en obtenir beaucoup d’autres.