Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/335

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

jours sous le même toit sans se voir. Un instant après qu’elle fut rentrée chez elle, M. de Fougères se présenta. Il avait dans les manières une aménité charmante depuis quelque temps ; et comme il conservait cette bonne disposition avec elle, jusque dans le tête-à-tête, s’empressant à lui complaire et recherchant son approbation sur les choses les plus frivoles, elle avait lieu de penser qu’il avait quelque concession de principes à lui demander.

« Me voici, ma chère Fiamma, lui dit-il, et je suis d’autant plus content d’avoir été appelé par vous que j’avais moi-même à vous parler d’une affaire importante.

— Écouterai-je, monsieur, les ordres que vous avez à me donner, ou commencerai-je par vous présenter ma supplique ?

— Pourquoi ne m’appelez vous pas votre père, Fiamma ? Je suis affligé de la froideur de vos manières avec moi. Nous avons été longtemps sans nous connaître ; mais aujourd’hui que nous avons lieu de nous estimer réciproquement, un peu d’affection ne viendra-t-elle pas de vous à moi ?

— Je vous appellerai mon père si vous le désirez. » répondit Fiamma assez froidement ; car, avoir le patelinage de ce préambule, elle craignait une tentative d’empiétement sur son indépendance et ne se livrait nullement à la flatterie. Elle entra tout de suite en matière et demanda, non la permission, mais l’approbation de se retirer dans un couvent. Fiamma avait alors vingt-cinq ans, et il était difficile de lui imposer d’autres lois que celles des convenances, celles de l’affection n’existant pas.

M. de Fougères montra un peu de malaise. « Certainement, ma chère fille, dit-il, je ne puis ni ne veux m’opposer à aucune de vos volontés ; mais si, par tendresse