Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/345

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— Pourquoi êtes-vous changée, Fiamma ? dit vivement Féline en regardant son amie ; mon Dieu ! qu’y a-t-il ? Je ne vous ai jamais vue ainsi ! Vous est-il arrivé malheur ? J’ai cru que cela n’était pas fait pour vous.

— Allons donc ! s’écria Bonne avec une familiarité qu’elle n’avait jamais eue avec Simon, vous voyez bien que c’est la joie de vous revoir. Et vous, faut-il que je vous apporte une glace pour vous montrer la belle figure que vous faites ?

— Mon amie, dit-elle à Fiamma, une demi-heure après, en traversant le verger de la mère Féline, vous voyez que je ne me suis pas trompée. Croyez-vous que je puisse épouser un homme qui se trouve mal en vous voyant ? Et pensez-vous qu’à l’heure qu’il est il se souvienne de m’avoir priée avant-hier d’être sa femme ?

— Pourquoi non ? et qu’importe ?

— Taisez-vous, taisez-vous, fourbe ! s’écria Bonne ; vous savez bien qu’il vous aime et qu’il n’en guérira jamais. Mais rassurez-vous, mon amie ; je ne comptais pas sur un pareil miracle, et j’ai dit hier à mon jeune médecin qu’il pouvait revenir ce soir, que je lui donnerais mon dernier mot. Vous pouvez imaginer quel il sera, et voyez ! je n’en meurs pas de désespoir ! Ai-je maigri depuis une demi-heure ? Mes cheveux n’ont pas blanchi, que je sache ? Ne m’est-il pas tombé quelque dent ? C’est inexplicable, mais depuis que Simon s’est trouvé mal je me sens tout à fait bien ; il ne me reste pas la plus petite incertitude ni le moindre regret. Allez, ma Fiamma, vous êtes la seule femme que cet homme-là puisse aimer, de même qu’il est le seul homme…

— Ne dites pas cela, vous ne le savez pas, Bonne, interrompit Fiamma d’un ton si grave que Bonne n’osa pas répliquer.

M. Parquet eut le soir un long entretien avec sa fille,