— Il faut parler catégoriquement. Pourquoi ne pouviez-vous pas épouser Féline ?
— Parce qu’il n’avait rien.
— Singulière réponse dans votre bouche ! Et maintenant, pourquoi ne pouvez-vous pas en épouser un autre ?
— Parce que je le préfère à tout autre.
— Bon, ceci est mieux. Eh bien ! pourquoi ne pouvez-vous pas l’épouser maintenant ?
— Parce qu’il est riche.
— Oh ! ma foi, je m’y perds ! Je ne suis pas le sphinx, et cependant je vais me casser la tête contre les murs si vous ne parlez autrement.
— Eh bien ! je vais m’expliquer mieux. Sachez que, par une raison qu’il m’est impossible de vous dire, j’ai renoncé volontairement à jamais rien recevoir de mon père tant qu’il vivra ; et j’aurais beaucoup hésité, même après sa mort, à accepter son héritage, si aujourd’hui je ne voyais son héritage reporté en majeure partie sur une famille de son choix.
— Quelle chose étrange ! et pourquoi cela ?
— C’est là ce que je ne vous dirai pas ; mon père ignorait cette résolution, et j’ai des raisons pour la lui cacher.
— En vérité ?
— En vérité ; il ignore encore que j’ai fait vœu de pauvreté en entrant dans l’âge de raison.
— Bon Dieu ! c’est donc une affaire de dévotion ? un vœu de pauvreté, de chasteté… Ah ! pour le vœu d’humilité, dogaresse, vous y avez manqué souvent !
— C’est possible, répondit Fiamma en souriant, mais écoutez-moi. Conduite par lui dans le monde, destinée à faire un mariage d’argent ou de convenance, il fallait, ou apporter de l’argent, et je n’en voulais pas recevoir de mon père ; ou en trouver, et je n’en voulais pas recevoir