Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/366

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l’antagoniste d’une famille honorable, et en particulier d’un homme qui l’a comblé des égards dus à son mérite, d’un ancien ami de sa famille, et de son digne oncle surtout ; d’un homme enfin qui, s’élevant au-dessus des préjugés de sa caste et devinant le brillant avenir du jeune avocat, l’a reçu avec distinction alors que sa position dans le monde était encore précaire ?

— La position de Simon n’a jamais été précaire, permettez-moi de vous le dire, monsieur le comte : Simon est né homme de génie ; avec cela et le moindre secours d’un ami on arrive à tout. Ce secours ne lui a pas manqué, et, si j’y eusse fait défaut, vingt autres eussent acquitté leur dette de reconnaissance envers cette noble famille ; oui, noble, monsieur le comte : la noblesse est dans les sentiments de l’âme et non pas dans le sang des artères. »

Ici M. Parquet plaça à propos une nouvelle déclamation qui ne fit pas moins d’effet que la première.

« Hélas ! monsieur Parquet, dit le comte qui devenait plus poli à mesure que son dépit secret et sa mortelle impatience augmentaient, vous prêchez un converti ! En quoi ai-je pu blesser M. Féline et lui faire croire que je ne rendais pas justice à son mérite ? M’a-t-on prêté quelque propos inconvenant ? Ai-je manqué d’égards directement ou indirectement à sa famille ? Ma fille aurait-elle oublié, en arrivant, d’aller s’informer de la santé de madame Féline ? Elles étaient fort liées ensemble autrefois, et je voyais avec plaisir des relations aussi édifiantes. Ne les ai-je pas encouragées, loin de les contrarier ?…

— Et pour quelle raison les eussiez-vous contrariées ? C’eût été une folie, une lâcheté indigne d’un homme aussi éclairé et aussi délicat que vous l’êtes, monsieur le comte.

— Vous savez donc bien à quel point je dédaigne l’importance que mes pareils mettent à ces vaines distinctions !