Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/383

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et martyr de la liberté, c’était une noble alliance, et il n’y a qu’une grande âme comme celle de ma mère qui dut savoir préférer la protection généreuse du brave partisan à l’avilissante faveur du comte de Stagenbracht.

— Que voulez-vous dire ? s’écria le comte en essayant de se lever et en bondissant sur son siège avec égarement ; quel nom avez-vous prononcé ? À quelle impure source de calomnie avez-vous puisé l’ingratitude et l’outrage dont vous payez ma miséricorde envers vous ?

— La voici, cette source impure ! dit Fiamma en tirant de son sein un paquet de lettres ; c’est celle de votre fortune, signor Spazetta. Voici les preuves de votre infamie, écrites et signées de votre propre main ; voici les pièces du marché que vous avez conclu avec un seigneur autrichien pour lui vendre votre femme ; voici votre première espérance de racheter le fief de Fougères, monsieur le comte ; car voici la quittance de l’acompte que vous avez reçu sur l’espoir du déshonneur de ma mère. Mais elle n’a pas voulu le consommer pour vous ni l’accepter pour elle-même ; voici la concession de cette maison de campagne où vous aviez consigné ma mère, pour la soustraire, disiez-vous, aux fatigues du commerce et rétablir sa santé délicate, mais, en effet, pour la placer sous la main du comte, à trois pas de sa villa… Mais vous aviez compté sans le secours du chevaleresque Carpaccio, monsieur le comte. Malheureusement il rôdait autour du château de M. Stagenbracht, lorsque les cris de ma mère, qu’on enlevait par son ordre et par votre permission, parvinrent jusqu’à lui. C’est alors que, par une tentative désespérée, trois contre dix, il la délivra et fit ce que vous auriez dû faire en tuant de sa propre main le ravisseur. Si la reconnaissance de ma mère pour ce libérateur, et son admiration pour un courage intrépide, lui ont fait fouler aux pieds le préjugé du rang et manquer