Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/112

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devient dès aujourd’hui parfaitement inutile et passablement incommode. J’entends poursuivre seul avec toi et une bande de chasseurs esquimaux, qui doit dès cette nuit nous rejoindre, mon voyage sur la mer à glace fixe jusqu’à la mer libre qui est le but de mes travaux. Apprête-toi donc à partir dans quelques heures et munis-toi de tout ce qu’il faut pour écrire la relation désormais intéressante de notre voyage.

Je restai quelques instants stupéfait.

― Y songez-vous, mon oncle ? dis-je enfin en m’efforçant de ne pas irriter par un accent d’indignation celui à qui j’avais confié si imprudemment mon sort ; n’êtes-vous pas satisfait d’avoir atteint sans encombre une limite que nul navire avant le vôtre n’avait pu choisir pour hiverner, de n’avoir encore perdu aucun homme, ni vu avarier aucune partie de vos provisions ? Comment pouvez-vous croire à la possibilité d’aller plus loin, durant la longue absence du soleil, par le froid le plus rigoureux que les animaux sauvages puissent supporter ? Comment vous flattez-vous de voir arriver