Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/118

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rable, répandait une chaleur aussi douce que celle d’un printemps d’Italie.

À la vue, à la sensation de ce prodige, tous les Esquimaux, stupéfaits et ravis, se prosternèrent sur la neige, et les chiens, cessant les rauques murmures qui avaient succédé à leurs cris perçants, se mirent à japper et à bondir en signe de joie.

― Vous le voyez, dit alors mon oncle, jamais avec moi vous ne manquerez de chaleur ni de lumière. Relevez-vous et faites monter ici les plus forts et les moins laids d’entre vous. Qu’ils chargent toutes les provisions que pourront contenir vos traîneaux. Je ne veux que la moitié des hommes ; le reste hivernera ici, si bon lui semble. Je lui abandonne ce navire et tout ce qu’il contiendra quand j’aurais pris ce dont j’ai besoin.

― Sublime angekok, s’écria le chef tremblant de peur et de convoitise, si nous prenons ton navire, tes hommes d’équipage ne nous tueront-ils pas ?

― Mes hommes d’équipage ne tueront personne, répondit Nasias d’un ton sinistre. Montez