Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/142

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui s’étendait en droite ligne vers le nord sur notre gauche, tandis qu’à notre droite les terres septentrionales du Groenland semblaient fuir en ligne horizontale complètement déprimée. En face de nous, rien que la mer sans bornes. La côte occidentale, déprimée aussi sur un grand espace, se redressait en puissantes masses volcaniques, les monts Parry sans doute, déjà vus de loin et baptisés par nos devanciers, mais jamais atteints.

― Nous n’avons rien fait, me dit mon oncle, si nous n’allons pas jusque-là ; nous avons deux bonnes pirogues, et certes nous irons ; que t’en semble ?

― Nous irons, répondis-je ; n’y dussions-nous trouver, comme je le crois, que des laves et de la glace, nous irons certainement !

― Si nous n’y trouvions pas autre chose, reprit mon oncle, c’est que ton sens divinatoire et le mien se seraient oblitérés, et alors il faudrait s’en remettre à l’incomplète et tardive science pratique des hommes pour découvrir, dans cinq ou six mille ans peut-être, le secret du monde polaire ; mais,