Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/177

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― Oui, à coup sûr ! s’écria mon oncle en se jetant dans mes bras, j’entendrais la puissante clameur de ces eaux jaillissantes, et je n’entends rien du tout ! Cette cascade est gelée.

― Ou pétrifiée, mon cher oncle !

― Tu as, reprit-il, une sotte manière de plaisanter, mais au fond tu vois assez juste. Ce torrent circulaire peut être un terrible épanchement de lave refroidie, et il s’agit de s’en assurer ; marchons !

Nous entrâmes alors dans la région des décombres stériles. C’était en grand une inondation de laves poreuses et de téphrines, comme ces larges courants que l’on trouve en Auvergne et qui occupent tant de surface entre Volvic et Pontgibault, au dire de mon oncle Tungsténius. Je me rappelai sa description, qui m’avait paru grandiose, mais qui me sembla bien mesquine devant l’étendue de rognons volcaniques qui se dressait devant moi à perte de vue, et qui simulait l’aspect d’un bouillonnement subitement pétrifié au milieu de sa plus ardente activité. C’était comme une mer dont les