Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/187

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un océan de stalagmites colossales violettes, roses, bleues, vertes, blanches et transparentes comme l’améthyste, comme le rubis, le saphir, le béryl et le diamant. La grande excavation polaire rêvée par mon oncle était effectivement une géode tapissée de cristaux étincelants, et cette géode avait une étendue souterraine incalculable !

― Ceci n’est rien ! dit-il avec le plus grand sang-froid. Nous ne voyons qu’un petit coin du trésor, une marge du colossal écrin de la terre. Je prétends descendre dans ses flancs et posséder tout ce qu’elle cache à l’esprit obtus des hommes, tout ce qu’elle dérobe à leur vaine et timide convoitise !

― Qu’en ferez-vous ? lui dis-je avec le même sang-froid, car nous étions arrivés à ce paroxysme d’exaltation intellectuelle qui chez lui produisait le calme triomphal de l’ambition assouvie, et chez moi le plus complet désintéressement philosophique. J’ignore si les trésors que nous apercevons ont une valeur réelle parmi les hommes ; mais je suppose que ce soient effec-