Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/191

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verser le monde des gemmes colossales éclairées du rayonnement éternel de la lumière électrique ? sans gravir au faîte de ce cône d’obsidienne ou d’amphibole plus élevé que l’Himalaya ? sans t’assurer qu’il fait au pôle nord une chaleur tropicale, et que le noyau central du globe est d’une agréable fraîcheur ? Il serait pourtant bien curieux de constater toutes ces choses, et bien glorieux de pouvoir les affirmer à la barbe de notre oncle Tungsténius et de tous les savants de l’Europe !

Il me sembla que Laura se moquait de moi, et pourtant je ne voulus pas en avoir le démenti.

― Je crois à l’existence de toutes ces merveilles, répondis-je ; mais, au moment de les constater, j’y renonce, si tu le désires, et si par ce sacrifice je peux obtenir une heure plus tôt que ton père consente à mon bonheur.

― C’est bien, reprit Laura en me tendant ses deux mains charmantes. Je vois qu’au milieu de ta folie, tu m’aimes plus que tout au monde, et je dois te pardonner tout. Viens.

Elle s’approcha du gouffre où s’était englouti