Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/207

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la vie intellectuelle des masses, était devenue pompeuse ou maniérée ; il la fit sincère et sublime. Les plus vigoureux génies comme les plus doux talents de notre époque auraient beau le nier, ils lui doivent leur principale initiation. Quant à ceux qui se contentent d’aimer et de goûter les lettres, pour peu qu’ils se soient sentis vivre, ils lui doivent la notion de la vraie beauté des choses de Dieu, et, par l’effet du prodige d’éternelle fécondité qui caractérise le génie, Rousseau étendra à jamais son influence, même sur ceux qui ne l’auront pas lu, puisque tout ce qui a été écrit après lui sur la nature n’est qu’un reflet plus ou moins modifié de son rayonnement.

Vingt ans après avoir pensé ainsi sur Rousseau, pensant toujours de même et ne sentant pas faiblir la plénitude de ma reconnaissance, j’ai voulu, moi aussi, voir les Charmettes.

Entre plusieurs raisons qui, de Toulon, me faisaient revenir à Nohant par Chambéry, — ce qui n’est pas précisément la route, — le désir de faire mon pèlerinage à cette illustre maisonnette