Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/208

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avait pesé beaucoup dans ma résolution, et pourtant j’approchais du sanctuaire avec un peu de souci.

Je ne savais pas si je retrouverais là ce que j’y venais chercher, et si la vue des choses ne trahirait pas l’idée que je m’en étais faite ; mais cette crainte se dissipa pendant que la voiture montait au pas ce ravissant chemin ombragé si bien décrit par Jean-Jacques, et semblable à ce qu’il était de son temps. Peut-être est-il mieux entretenu et plus fréquenté, peut-être beaucoup d’arbres qui paraissent vieux ont-ils déjà été renouvelés ; car, dans les plis frais et fertiles de la vallée de Chambéry, les arbres poussent avec une vigueur étonnante, et nulle part je n’en ai vu de si sains, de si beaux, et en si grande quantité ; mais ce qui n’a pas changé, c’est le soudain mouvement de la colline qu’il faut gravir, c’est, le ruisseau dont on remonte le cours, ce sont les beaux herbages et les fleurs printanières qui tapissent ses rives, c’est le caractère doucement mystérieux de cette région couverte et enfermée qui semble inviter aux plaisirs