Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/224

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recherchées et trouvées ; mais admettons qu’elles n’existent pas, et accordez-moi que l’équivalent est ici sous nos yeux.

» Supposez que Rousseau nous apparaisse là, revenant de la prière du matin qu’il faisait à travers champs, avec ses vingt-quatre ans, sa maladie de langueur, la piété sincère et la résignation philosophique qui le caractérisaient à cette époque ; montrez-lui ce torrent d’injures, et dites-lui :

— Voilà ce qu’on écrira ici au xixe siècle et ce que des centaines de pèlerins signeront sans sourciller dans ton oasis, et moi, je trouve cela charmant !

» Pensez-vous que, devant de tels outrages, sa raison ne se fût pas ébranlée et son cœur à jamais aigri ? Eh bien, ce sont là les pierres de Moutiers-Travers qui l’ont poursuivi dès le jour où il a été célèbre, voilà les insultes des passants, voilà les calomnies atroces dont il fut l’objet, voilà le vrai et le rêvé de sa douleur, voilà les chiens lancés contre lui pour le faire tomber