Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/231

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fallait les étonner par un acte de courage insensé. Et que fait-il dans son délire déplorable ? Il relève les pans de sa robe d’Arménien, montre sa nudité honteuse et triomphe parce qu’il a fait rougir les passants ! On lui jette des pierres, et il s’en étonne ; on le laisse seul, et il pleure ; on le blâme, il s’indigne et se tue ! Vous voyez bien que cet homme est fou et qu’il ne peut porter aucune atteinte à la vérité religieuse.

— Certes, répondis-je, il est plus commode de se confesser en secret qu’en public. Les premiers chrétiens n’en jugèrent pas ainsi pourtant : ils se confessaient tout haut à la porte du temple ; mais, sans vouloir discuter avec vous sur les sacrements, laissez-moi vous dire que la vérité divine éclairait Rousseau plus qu’aucun prêtre catholique ou protestant de son époque. Dans ce temps où la notion de Dieu s’était entièrement noyée dans les dogmes religieux et dans les dogmes philosophiques, la Profession de foi du vicaire savoyard était encore l’élan le plus spiritualiste qu’il y eût. Certes, elle ne nous satisfait pas aujourd’hui ; mais elle