Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/239

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beaucoup plus aujourd’hui sa défense que leurs attaques, et voilà pourquoi de bons esprits comme le vôtre se persuadent que les Confessions sont un acte de vanité personnelle en réponse à des insultes imaginaires.

» Eh bien, voilà ce que peuvent nier formellement, et les preuves en main, ceux qui ont pris la peine d’étudier la vie de Rousseau et celle de ses contemporains. S’il a raconté les fautes de madame de Warens, c’est qu’on l’accusait d’ingratitude envers elle, et que les uns en faisaient une sainte victime délaissée, les autres une prostituée hypocrite. Il est certain que, sans les Confessions, elle serait fort oubliée et peut-être inconnue aujourd’hui ; mais les vivants ne se rendent pas un compte exact des chances que courront leur mémoire et celle de leurs amis ou ennemis dans l’avenir. Rousseau a dû se dire : « Ma bienfaitrice sera méconnue à cause de moi, comme je suis calomnié à cause d’elle. Je dirai donc ce qui a été, ce qu’elle fut, ce que j’étais. Je dirai tout. Cette femme avait mille grandes qualités pour racheter