Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/247

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de la solitude. Nous arrivons donc, par un chemin imprévu, à nous entendre, vous et moi, sur le devoir qui était imposé à Rousseau de plaider sa cause à tout prix ; car vous semblez reconnaître qu’un si grand talent et une gloire si haute ne devaient pas se laisser flétrir, et nous voici d’accord sur la légitimité, l’autorité et même l’utilité de ses Confessions.

— J’ai raisonné à votre point de vue ; mais que devient, je vous prie, l’autorité des Confessions, si le plus grand crime reproché à votre philosophe s’y trouve faussement avoué par lui ?

— Je vous répondrai que la justice civile et religieuse de vos pères arrachait beaucoup de faux aveux par la torture, et que la vie de Rousseau fut une torture morale sans exemple ; mais je répondrai encore mieux en invoquant un autre motif de son silence, et ce second motif, vous ne m’avez pas encore permis de l’énoncer.

— Je vous écoute avec attention.

— Eh bien, ce motif que je serais très-porté à admettre et que je préférerais infiniment, c’est la