Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/275

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livre ne dérangeait rien en moi et ne diminuait rien autour de moi. C’est le propre des belles choses de vous faire vivre doublement. Cela tenait aussi à la nature du livre. Les récits d’événements, les luttes de passions, emportent l’esprit sur un point donné de l’agitation humaine. Tu sais que certains romans anglais, dont je n’ai certes pas envie de médire, Jane Eyre, Copperfield, la Femme en blanc, etc., nous ont fait faire parfois cent lieues en chemin de fer, côte à côte, sans nous rien dire, sans rien voir devant nous, sans rien entendre autour de nous. Séduction et habileté de l’art ! Mais ce grand livre que je tiens aujourd’hui appartient à de plus hautes régions de la pensée. Il vous appelle à la recherche des choses du ciel. C’est le génie humain déifié. C’est un hommage rendu à William Shakspeare et signé Victor Hugo.

Les poëtes ne sont pas toujours des penseurs ; mais celui-ci ne semble admettre au rang des poètes vraiment grands que ceux qui pensent profondément. Il établit une sorte de pléiade de morts illustres, et, si l’on peut souhaiter de la voir plus