Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/326

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l’homme n’est pas plus perfectible que l’animal. Aucune espèce d’être n’est intrinsèquement perfectible. Ce qui est perfectible, c’est la condition humaine par le fait du sens mystérieux qui, chez l’homme, remplace l’instinct. L’instinct de l’homme, c’est d’améliorer son existence et de faire servir le connu à la découverte de l’inconnu. L’instinct de l’homme, c’est la science éternellement progressive. Lui, l’homme, il est aussi bien doué du temps d’Homère que du temps de Molière. Il est apparu sur la terre en possession du sentiment de l’infini, et il n’est pas prouvé qu’il ait eu besoin de la parole pour posséder l’idéal dans son cerveau. Ce qu’il a su tard dans sa journée, il l’a pressenti dès son aurore. L’instinct ne lui a pas dit comme aux autres animaux : Trouve ce qu’il te faut ; il lui a dit : Cherche ce que tu rêves, et l’homme a cherché, il cherchera toujours. Il a toujours été, il sera toujours aussi ardent, aussi actif, aussi inquiet, aussi tenace, aussi ingénieux dans sa recherche, et, sans se modifier en aucune façon lui-même, il modifiera sans cesse toutes choses autour de lui.