Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/355

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» Et ce que tu dis dans une langue qui n’est pas une langue ne sera jamais compris que de Dieu ou des anges ; mais l’intelligence humaine peut sans audace le préjuger, et sans folie l’interpréter dans le sens du vrai immuable.

» Et quel est-il, ce vrai immuable ? C’est que rien n’est mort, c’est que tout renferme la vie formulée ou expectante, c’est que tout l’exprime, la rumeur comme le silence, l’activité comme le sommeil, le chant comme la parole, et le simple bruissement de l’onde comme la parole du sage et comme le chant du rossignol.

» Oui, l’immuable vrai, c’est l’incoercible mouvement, c’est l’éternelle mutation progressive des êtres et des germes qui les contiennent, germes répandus partout et que nous appelons des choses, faute d’un nom qui caractérise leurs fonctions multiples et indiscernables. Et ce ruisseau n’est pas seulement une veine dans le grand système physiologique de la terre, il est aussi une veine dans le système de toute l’animalité terrestre. Qui sait par quelle série de transformations il a