Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/358

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et où je ne vais pas, soit que je retourne au ciel, soit que, perdu dans les embrassements de la belle rivière, j’aille me dilater dans le bassin des grandes mers ; mais Dieu les connaît, mes beaux voyages, et toute la nature en profite ; et moi, je m’en réjouis sans cesse, et toujours je ris, je cours, je chante, je raconte, je confie, je révèle, je bois et donne à boire, je sème et je récolte, je prends et je donne ; tout me nourrit, même ton haleine, et je nourris tout, même ta pensée ! Petit courant, je suis une des manifestations particulières du grand fluide vital ; petite vapeur, je suis aussi vivant et aussi nécessaire que le grand fleuve et le grand océan, et que le grand troupeau des nuées qui accompagne et revêt la terre dans son voyage à travers l’infini.

Et le ruisseau, dont j’avais traduit le langage, me fit connaître que je ne l’avais pas fait mentir, car j’entendis qu’il disait distinctement, comme un résumé de mes hypothèses : Toujours, toujours partout, dans tout, pour tout, toujours !

Et il recommençait sans se lasser, car c’est tout