Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/63

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notion de notre vie terrestre. Si nous en croyons nos sens bornés et notre appréciation incomplète, nous n’avons qu’une âme, ou, pour parler comme Walter, un certain animisme destiné à s’éteindre avec les fonctions de nos organes. Si, au contraire, nous nous élevons au-dessus de la sphère du positif et du palpable, un sens mystérieux, innomé, invincible, nous dit que notre moi n’est pas seulement dans nos organes, mais qu’il est lié d’une manière indissoluble à la vie universelle, et qu’il doit survivre intact à ce que nous appelons la mort.

» Ce que je te rappelle ici n’est pas nouveau : sous toutes les formes religieuses ou métaphysiques, les hommes ont cru et croiront toujours à la persistance du moi ; mais mon idée, à moi qui te parle dans la région de l’idéal, c’est que ce moi immortel n’est contenu que partiellement dans l’homme visible. L’homme visible n’est que le résultat d’une émanation de l’homme invisible, et celui-ci, la véritable unité de son âme, la face réelle, durable et divine de sa vie, lui demeure voilé.