Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/65

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sert à vivre éternellement, et se renouvelle sans cesse avec nous, ou plutôt c’est elle qui nous renouvelle, et qui fournit, sans s’épuiser jamais, à toutes les séries de nos existences successives.

― Que diable écris-tu là ? s’écria près de moi une voix âpre et discordante.

Le nuage s’envola, emportant avec lui la rayonnante figure de Laura, et je me retrouvai dans ma chambre, assis devant ma table, et traçant les dernières lignes que Walter lisait par-dessus mon épaule.

Comme je le regardais avec stupéfaction, sans lui répondre :

― Depuis quand, ajouta-t-il, t’occupes-tu de billevesées philosophiques ? Si c’est avec ce nouveau genre d’hypothèses que tu prétends avancer dans la science pratique, je ne t’en fais pas mon compliment… Allons, laisse ce beau manuscrit, et viens prendre place au repas de mes fiançailles.

― Est-il possible, mon cher Walter, lui répondis-je en me jetant dans ses bras, que, par amitié pour moi, tu te prêtes à une feinte indigne d’un