Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/67

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égards réciproques. Tu peux donc me dire que Laura ne m’aime pas sans me surprendre et sans me blesser. Je serais même surpris qu’elle m’aimât, puisque je n’ai jamais songé à lui plaire, et je serais un peu inquiet de sa raison, si elle voyait en moi un Amadis. Vois donc, toi, les choses telles qu’elles sont, et sois sûr qu’elles sont telles qu’elles doivent être.

Je trouvai Laura parée pour le dîner ; elle avait une robe de taffetas blanc de perle à ornements de gaze rosée qui me rappela confusément le ton doux et chaud de la cornaline ; mais sa figure me sembla abattue et comme éteinte.

― Viens me donner confiance et courage, me dit-elle avec franchise en m’appelant à son côté. J’ai beaucoup pleuré aujourd’hui. Ce n’est pas que Walter me déplaise, ni que je sois fâchée de me marier. Je savais depuis longtemps qu’on me destinait à lui, et je n’ai jamais eu l’intention de devenir vieille fille ; mais le moment venu de quitter sa famille et sa maison est toujours pénible. Sois gai pour m’aider à oublier un peu tout cela, ou parle-