Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/68

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moi raison pour que je redevienne gaie en croyant à l’avenir.

Combien le langage et la physionomie de Laura me parurent différents de ce qu’ils étaient dans le nuage émané de la cornaline ! Elle était si vulgairement résignée à son sort, que je reconnus bien l’illusion de mon rêve ; mais, chose étrange, je ne sentis plus aucune douleur à l’idée qu’elle épousait réellement Walter. Je retrouvais le sentiment d’amitié que ses soins et sa bonté m’avaient inspiré, et je me réjouissais même à l’idée que j’allais vivre près d’elle, puisqu’elle quittait sa résidence et venait s’installer dans notre ville.

Le repas fut très-gai. Mon oncle en avait chargé Walter, qui, en homme positif, s’entendait à bien manger, et qui l’avait commandé à un des meilleurs cuisiniers de louage de Fischhausen. Laura n’avait pas dédaigné de s’en occuper aussi, et la gouvernante l’avait rehaussé de quelques mots italiens de sa façon, fortement épicés et cuits dans un vin généreux. Walter mangea et but comme quatre. Mon oncle s’égaya même au dessert jusqu’à