Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/69

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faire quelques madrigaux galants à l’adresse de la gouvernante qui n’avait guère plus de quarante-cinq ans, et il voulut ouvrir la danse avec elle lorsque les jeunes amies de Laura réclamèrent les violons.

Je valsais avec ma cousine. Tout d’un coup il me sembla que sa figure s’animait d’une beauté singulière et qu’elle me parlait avec feu dans le tourbillon rapide de la valse.

― Sortons d’ici, me disait-elle, on y étouffe ; traversons ces glaces qui répercutent le feu des bougies dans un interminable lointain. Ne vois-tu pas que c’est l’image de l’infini, et que c’est la route qu’il nous faut prendre ? Allons ! un peu de courage, un élan, et nous serons bientôt dans le cristal.

Tandis que Laura me parlait ainsi j’entendais la voix railleuse de Walter, qui me criait lorsque je passais près de lui :

― Hé ! attention, toi ! Pas si près des glaces ! Veux- tu donc briser aussi celles-là ? Ce garçon est