Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/76

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battement harmonieux des ailes de ma véritable âme, toujours emportée vers les hauteurs ; mon moi humain ne saurait accepter l’esclavage d’un hymen contraire à mes véritables destinées.

Walter m’arracha aux délices de cette vision, en me reprochant d’être ivre et de contempler ma propre image dans le cristal enfumé de mon verre. Laura n’était plus à mes côtés. J’ignore depuis combien d’instants elle était partie ; mais, jusqu’à celui où Walter vint me parler, j’avais vu distinctement sa charmante image dans le cristal. J’essayai d’y voir celle de Walter ; je reconnus avec terreur qu’elle ne s’y dessinait pas, et que cette substance limpide repoussait le reflet de mon ami comme si son approche l’eût changée en un bloc de charbon.

La soirée s’avançait. Laura s’était remise à danser avec une sorte de frénésie, comme si sa légèreté de caractère eût voulu protester contre les révélations de son être idéal. Je me sentis très-fatigué du bruit de cette petite fête, et je me retirai sans qu’on y prît garde. Je demeurais toujours dans une partie de l’établissement séparée du logement