Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/80

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vertes. Apprends que je suis domicilié maintenant à la cour de Perse, où le souverain me traite avec la plus grande considération à cause de certaines raretés que je lui ai procurées, et que, si je me dérange de mes grandes occupations pour venir ici, ce n’est pas dans l’intention de dérober à votre petit musée quelques misérables gemmes dont le moindre rajah de l’Inde ne voudrait pas pour orner les doigts de pied ou le nez de ses esclaves. Laissons cela, et dis-moi si ma fille est mariée.

― Elle ne l’est pas, répondis-je avec impétuosité, et elle ne le sera pas encore, si vous consultez sa véritable inclination.

Mon oncle Nasias prit ma lanterne, qu’il avait posée près de nous sur le banc, et me la porta au visage comme j’avais fait envers lui quelques instants auparavant. Sa figure n’était pas précisément menaçante comme avait été la mienne ; elle était plutôt railleuse, mais avec une expression d’ironie glacée, implacable, navrante. Comme il me contemplait à son aise, j’eus dans mon angoisse le loisir de l’examiner aussi.