Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/126

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Meta était celui d’un ouvrier de Paris, qu’ils avaient parlé le même argot dès l’enfance, que Meta avait tout autant d’esprit que lui, enfin qu’ils n’étaient pas plus l’un que l’autre. Il donnait pour prétexte à son éternelle maraude avec ce Frontin le plaisir de faire enrager le moine, qui était une vieille peste et les détestait tous les deux. Il était facile de voir que le moine les avait effectivement en horreur, bien qu’il ne se plaignit jamais de leurs malices et parût les supporter avec une angélique patience. L’histoire des têtes de Turcs lui était restée sur le cœur. Il les avait retrouvées sur l’autel d’un petit oratoire où il faisait ses dévotions et serrait ses confitures. Il avait fort bien deviné l’auteur de cette profanation. J’ignore s’il s’en était plaint au prince. Le prince avait paru ignorer tout, et les têtes n’avaient jamais reparu.


Comme notre table était désormais aussi bien servie que le permettaient les ressources du pays et les notions culinaires d’Ischirion, nous avions formellement défendu à Marco et à Meta de dérober quoi que ce soit à l’office, et, s’ils continuaient ce pillage, c’était pour leur compte et à notre insu.