Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/142

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deux restèrent embrassés un instant et comme pétrifiés dans la tension de leurs masses ; mais, au bout de cet instant rapide, Nikanor était encore une fois sous les pieds de l’hercule qui lui crachait au visage, et lui coupait les moustaches avec le damas qui avait tranché la tête de Marco.

Nous assistions immobiles à ce châtiment, le sang de notre camarade était entre nous et tout sentiment de pitié ; mais nous ne pouvions pas tuer un ennemi désarmé et nous nous tenions prêts à empêcher Moranbois de s’enivrer trop de sa propre colère. Tout à coup nous fûmes enveloppés d’un nuage de fumée, et des balles parties de la fenêtre du rez-de-chaussée crépitèrent autour de nous. Par je ne sais quel miracle, elles ne frappèrent que le malheureux moine, qui eut un bras cassé. Avant que les soldats qui venaient au secours de leur chef pussent recommencer l’attaque, nous avions poussé devant la fenêtre étroite et longue le long et étroit divan du capitaine. Nous étions assiégés, et nous étions ravis d’avoir quelque chose à faire. On battait la porte, mais elle tenait bon. Le commandant évanoui ne bougeait plus, le moine se tordait en vain. Vous pensez bien