Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/156

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de ses dépendances et de la partie du manoir qu’il nous fallait traverser. Nous pûmes déposer quelques instants le corps dans la chapelle grecque ; nous voulûmes même qu’il en fût ainsi, non qu’aucun de nous, sauf Régine et Anna, fût très-bon chrétien ; mais nous voulions rendre à la victime d’une coutume barbare tous les honneurs dont la barbarie peut disposer.

Quand nous eûmes couché le mort dans son dernier lit, nivelé la terre avec soin, et recouvert la place avec de la mousse et des feuilles sèches, Léon, pâle et la tête découverte, prit la parole.

« Adieu, Marco, dit-il, adieu, toi, la jeunesse, l’espoir, le rire, la flamme de notre famille errante, le doux et filial compagnon de nos travaux et de nos misères successives, de nos joies imprévoyantes et de nos amers désastres ! Voici le plus cruel de nos revers, et nous allons te laisser ici, seul, sur une terre ennemie, où il nous faut cacher tes restes comme ceux d’un être maudit, sans qu’il nous soit permis de laisser une pierre, un nom, une pauvre fleur, sur la place où tu reposes.