Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/162

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Il faisait beaucoup plus chaud qu’à notre première traversée dans ces montagnes, et nos bêtes firent mine de refuser le service. Notre escorte s’arrêta enfin en nous voyant forcément arrêtés, et un des cavaliers nous fit entendre par signes que, si nous voulions boire et faire boire les animaux, il y avait de l’eau à peu de distance.

Nous n’avions pas soif, nous nous étions munis de fioles ; mais les bêtes, et surtout celle qui portait notre petite fortune et nos effets les plus précieux, se dirigeaient d’elles-mêmes avec obstination vers le lieu indiqué. Il fallait bien les suivre. Quand nous vîmes dans quel précipice elles nous conduisaient, nous mîmes pied à terre et leur lâchâmes la bride. Nos guides en avaient fait autant de leurs chevaux ; un seul d’entre eux les suivit en sautant de roche en roche pour les empêcher de rester trop longtemps dans l’eau. Moranbois retint la mule, qui n’eût pu remonter avec son chargement ; mais, avant qu’il l’eût débarrassée de la caisse, c’est-à-dire de la sacoche qui contenait nos valeurs, elle s’échappa de ses mains et s’élança dans le ravin.

Moranbois, craignant qu’elle ne perdit nos richesses, la suivit avec intrépidité. Nous connais-