Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/184

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sâmes et on nous dit que nous devions avoir échoué sur lo scoglio pomo, en pleine mer, ou les Lagostini, plus près de Raguse ; mais nous dûmes rester dans une éternelle incertitude, d’autant plus qu’un savant nous donna une autre version qui plut davantage à nos imaginations excitées. Selon lui, notre naufrage coïncidant avec la secousse de tremblement de terre qui s’était fait sentir sur les côtes de l’Illyrie, l’écueil irretrouvable devait être spontanément sorti de la mer à ce moment et s’y être replongé ensuite. Ainsi nous n’avions pas été seulement menacés d’y mourir de faim et de froid, mais encore nous eussions pu, à tout instant, disparaître dans le troisième dessous, comme les maudits et les démons d’un dénoûment d’opéra.

En quittant Trieste, où nous jouâmes les Folies amoureuses, Quitte pour la peur, les Caprices de Marianne, Bataille de dames, nous parcourûmes le nord de l’Italie en nous adjoignant une troupe française dont quelques sujets étaient passables. Ceux qui ne valaient rien faisaient nombre, et nous pûmes étendre notre répertoire et aborder le drame à beaucoup de personnages : Trente Ans ou la Vie d’un joueur, le Comte Hermann, etc. Nos