Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/205

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lement de quoi vivre, et cela me serait fort égal, pourvu que nous pussions travailler ensemble ; mais le pourrions-nous ? Pourrais-tu seulement me donner un asile dont on ne me chasserait pas comme une vagabonde ? Le dernier de vos paysans ne se croirait-il pas en droit de mépriser et d’insulter mademoiselle de Valclos la baladine ? Tu vois bien que tu dois t’estimer heureux de n’avoir pas contracté envers moi des devoirs que tu ne pourrais pas remplir.

— Aussi, lui dis-je, je ne venais pas te demander ta main ; mais il me semblait que ton cœur était libre et que tu pouvais me dire : « Espère et reviens. » Mon pauvre père n’a, m’a-t-on dit, que quelques années, peut-être quelques mois à vivre. Je veux me consacrer à prolonger autant que possible son existence, et cela sans regret, sans hésitation, sans impatience. Je ne me sens pas effrayé de ma tâche ; je la remplirai, quel que soit l’avenir ; mais l’avenir, c’est toi, Impéria, et tu ne veux pas que mon dévouement aspire à une récompense ? Je t’ai souvent dit que je devais hériter d’une fortune bien petite, mais bien suffisante pour faire durer et peut-être consolider notre association. J’aurais accepté avec