Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/225

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pez pas, ceux que vous voyez ici sont des cabotins très-vulgaires. Mon oncle était un faux grand seigneur ; au fond, il avait tous les ridicules d’un parvenu qui déteste son origine. J’ai vu cela à l’attitude et aux habitudes de ses gens. Leur genre de vanité est de troisième ordre ; quand ils m’auront quitté, j’en prendrai de plus relevés, et ceux-là me regarderont comme un homme vraiment supérieur, parce que je jouerai mon rôle d’aristo mieux que n’importe quel aristo. Est-ce que tout n’est pas fiction et comédie en ce monde ? Je ne le savais pas, moi ! Je me suis demandé, en prenant possession de ce domaine, si je m’y souffrirais huit jours. Je ne craignais pas tant de m’y ennuyer que d’y paraître déplacé et de m’y sentir ridicule ; mais, quand j’ai vu combien il était facile d’imposer aux gens du monde par une aisance et une dignité d’emprunt, j’ai reconnu que mon ancien métier d’histrion était une éducation excellente, et qu’on n’en devrait pas donner d’autre aux fils de famille.

Laurence me débita encore quelques paradoxes sur un ton de raillerie qui n’était pas gai. Il affectait un peu trop de dédain pour sa nouvelle situation.