Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/228

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— On l’avait dit, répondit-il, on le répétait, on n’en était pas sûr, bien qu’on eût vu autrefois à Rouen sur les planches un grand jeune homme mince qui me ressemblait beaucoup et qui portait sur l’affiche le même nom que M. le baron. On n’avait pu supposer alors que je pusse être son parent, il ne faisait pas volontiers les honneurs de sa roture. Quand je me présentai comme son héritier, on questionna mes gens, qui ne savaient rien et qui nièrent avec indignation. On me questionna plus adroitement, et je me hâtai de dire la vérité avec tant de résolution et de fierté, qu’on se hâta de me répondre que je n’en valais pas moins. Un homme qui a cent mille livres de rente, car j’ai cent mille livres de rente, mon cher ami, n’est pas le premier venu en province ; c’est une puissance utile ou nuisible, et tout ce qui l’entoure a besoin de lui plus ou moins. Je sentis tout de suite qu’il fallait réaliser mon capital et quitter le pays, ou m’imposer par les apparences du mérite. Cela rentrait dans ma monomanie, et je posai l’homme de mérite sans me donner la moindre peine.

— Quittez ce ton de persiflage envers vous-même, mon cher Laurence. Vous avec été naïf en