Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/230

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croissante de trouver de l’ouvrage, quand on n’est pas remarquablement doué, qui combat et détruit le préjugé contre les comédiens, plus que tous les raisonnements philosophiques, car au fond le préjugé a sa raison d’être. Pour se présenter au public fardé et costumé en comique ou en héros, c’est-à-dire en homme qui a la prétention de faire rire ou pleurer une foule, il faut une audace qui est vaillance ou effronterie, et quiconque paye a bien le droit de lui crier, s’il est mauvais : « Va-t’en, tu n’es pas beau, ou tu n’es pas drôle. » Eh bien, mon cher Laurence, vous dites que vous étiez passable, et voilà tout. Vous avez donc souffert de ne pas être au premier rang, et vous avez cherché à vous en consoler en vous disant avec raison qu’en vous l’homme était supérieur à l’artiste ; et maintenant que vous vous rappelez la froideur des gens de l’autre côté de la rampe, vous leur gardez rancune à votre insu. Vous vous efforcez de les traiter de haut, comme ils vous traitaient quand vous leur apparteniez. Ils ne vous trouvaient pas assez comédien, et vous avez besoin de leur dire que leur existence à eux est aussi une comédie, qu’elle est mauvaise et qu’ils y sont mauvais. C’est