Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/231

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là un lieu commun qui ne prouve rien, car tout est affreusement sérieux en réalité dans la comédie du monde et dans le monde de la comédie. Oubliez donc cette petite amertume. Acceptez franchement votre retour à la liberté et à l’action sociale. Vous avez une grande excuse, une excuse que vous m’avez sincèrement fait admettre, l’amour, qui est la grande absolution de la jeunesse. Cet amour est oublié, je suppose ; s’il ne l’est pas, il peut tout vaincre à présent, je le suppose encore. Quoi qu’il en soit, vous n’avez à rougir de rien dans le passé, et c’est pour cela que vous devez aborder le monde, non comme un transfuge repentant ou défiant, mais comme un voyageur qui a profité de son expérience pour juger impartialement toutes choses, et qui rentre chez lui pour réfléchir et agir en philosophe.

Laurence écouta mon petit sermon sans l’interrompre, et, comme c’était toujours un cœur d’enfant dans une poitrine virile, il me tendit ses deux mains avec effusion.

— Vous avez raison, me dit-il, je sens que vous avez raison et que vous me faites du bien. Ah ! si j’avais un ami près de moi ! J’en ai si grand besoin, et je suis si seul ! Tenez, mon ami, ma vie en-